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Photo : Kamarad |
Curieux théorème inventé par les Toulonnais face au Racing : en ratant dans les grandes largeurs son entame de match, on arrive à gagner. Mais attention à ne pas rééditer les cagades trop souvent...
En présentant ce match face au Racing, j’écrivais – entre autres bêtises – que Toulon devait éviter de faire un cadeau aux Franciliens qui n’étaient pas venus faire du tourisme d’avant-saison avec le stage de trois jours (une exception dans les principes de Pierre Berbizier). Et la première période laissa croire que le RCT était dans l’optique d’offrir le match aux visiteurs de la Capitale et sa proche banlieue.
Après qu’en parfait Sujet de sa Gracieuse Majesté, Sir Wilko eut tiré le premier (coup d’envoi face à La Rade et première pénalité réussie à la 4e), ce furent en effet les Racingmen qui marquèrent un essai à la 13e suite à une énorme cagade des Rouge et Noir.
Sur un lancer de Séb’ Bruno sur notre ligne des 22", Toulon commet une faute (le sauteur était porté avant le lancer). Bras cassé. Cronje choisit la mêlée. Le paquet emmené par Benjamin Noirot faisait souffrir sa rivale : Hernandez servait Steyn qui slalomait et retrouvait Chavancy, lancé à hauteur, qui marquait… Face aux perches, l’ancien Berjallien Germain transformait et le Racing menait 7 à 3 dans un Mayol médusé.
D’autant que moins de sept minutes plus tard, les Compagnons de François Steyn allaient doubler la mise : sur un maul, départ de Noirot qui libère côté fermé sur Descons. Le demi-de-mêlée qui retrouve Bobo sur son aile. Le Fidjien n’en demandait pas tant et inscrivait son sixième essai de la saison… Belle maitrise qui portait le score à un 14 à 6 (Wilko avait inscrit une nouvelle pénalité à la 15e suite à un talonnage à la main).
La meilleure défense, c’est l’attaque…
Toulon avait la tête au fond du seau. On pensait amèrement aux plus fadas des Supporters qui, avant match, assuraient que leurs protégés allaient même prendre le bonus offensif face aux Ciel et Bleu. Là, vue la physionomie, on s’acheminait plutôt vers un succès bonifié mais du Racing…
Heureusement, comme dans les films hollywoodiens, la cavalerie arrive au bon moment : alors que Jonny W. assurait sa troisième pénalité de l’après-midi à la 25e (9 – 14), c’est l’échassier australien, Luke Rooney qui allait voir remonter sa côte de popularité à Mayol en marquant à son tour. D’autant que l’ancien Treiziste était à l’origine et à la conclusion de l’action : récupérant une chandelle dans ses 22", Luke remontait la balle et servait (comme quoi, il sait passer les ballons…) Alexis Palisson. L’International tricolore - qui trouve enfin ses marques au sein du Collectif Rouge et Noir depuis quelques matchs - naviguait dans la défense adverse et retrouvait son arrière qui résistait au retour de Steyn pour marquer (27e). Sir JW transformait et le RCT repassait enfin devant à la demi-heure de jeu (16 – 14).
Mais l’avantage fut de courte durée : sur un maul, sans doute galvanisés par le retour en forme de Laure Manadou, les Toulonnais plongeaient et se faisaient sanctionner. Germain des 40" face ajustait la cible et le Racing remmenait 17 à 16.
Le chassé-croisé des buteurs s’engagea jusqu’à la fin de la période : alors que David Smith, transformé en punk avec sa crête, remontait un ballon avant d’être pris dans les 40" du Racing qui se mettait à la faute. Des 45' droite, Jonny redonnait l’avantage, 19 – 17 (33e).
On pensait rentrer aux vestiaires sur ce léger avantage mais M. Rebollal sifflait une faute peu évidente qui permettait au buteur adverse de donner le tableau aux siens à la pause : 4e pénalité réussie pour Germain et 20 – 19 à la pause.
Remontés par visio-conférence par Bernie à la mi-temps, les Toulonnais allaient revenir et s’imposer en 2nde période en confisquant le ballon à leurs adversaires et en occupant bien mieux le terrain.
Tout d’abord grâce à un bon alignement où Christophe Samson (mais quelle connerie de le laisser partir…) fit, une nouvelle fois, merveille.
Et si c’est le Racing qui se voit offrir la première occasion de la seconde période par une pénalité à la 46e que Germain ratera, c’est le métronome Jonny Wilkinson qui réussira un nouveau tir au but à la 50e (22 – 20) avant d’offrir un peu plus d’air à son équipe à la 54e (25 – 20). L’Artilleur de la Royal Navy connaitra un coup d’arrêt sur sa 7e pénalité tentée à la 58e.
"Titi" fait sauter le verrou
Mais ce sera Sébastien Tillous-Borde (lui aussi qui à force de travail a su revenir à son meilleur niveau pour s’imposer derrière son pack) qui décoincera et scellera définitivement le sort de la rencontre en inscrivant son 3ème essai de la saison à la 62e : sous la pression Toulonnaise, Descons dégageait et trouvait une touche sur ses 22", "Bakkies" Botha captait prenait bien le lancer, Mathieu Bastareaud et sa crête de coq chargeait. Séb’ Tillous-Borde reprenait le cuir, feintait la passe et marquait. Jonny transforme et le tableau affiche désormais un 32 – 20 qui restera le score final.
Encore que la physionomie aurait pu être différente si l’essai marqué par le pilier remplacé Ben Arous à la 65e ait été accordé par M. Rebollal qui estima toutefois que le sauteur Racingman avait été porté avant le lancer (la même faute qui avait conduit à l’essai de Chavancy).
Le dernier quart d’heure ne donna pas grand-chose : le Racing essayait de revenir afin d’accrocher un bonus défensif et Toulon gérait son avance. Résultat, une succession de fautes de mains et de mauvais choix, le Racing abusant sans doute trop du jeu au pied.
Ballotés par le Racing et avec une défense aux abonnés absents durant 10 minutes, Toulon aurait pu passer un sale après-midi sous les yeux des Champions de France 1987 et 1992 réunis avant le coup d’envoi au centre du terrain.
Heureusement, ce Toulon-là a des ressources et ne s’affole pas outre mesure. En restant solides et concentrés, avec – on le répète – une bonne touche, les Rouge et Noir sont revenus dans la partie.
Il ne faudra cependant pas nous reproduire trop souvent (en particulier contre Toulouse ou Castres) le même début de partie que contre le Racing. "A'men'donné", ça ne passera plus...
En privant le Racing du bonus défensif, Toulon met un adversaire à bonne distance. Le RCT qui conforte ainsi sa troisième place et peut se rendre à Brive serein. Une victoire mettrait du beurre dans les épinards varois mais une défaite ne serait pas dramatique. Comme le soulignait Joe Van Niekerk à l’issue de la partie : "pour nous, c'est important de continuer comme ça, de battre Castres et Toulouse à la maison pour se qualifier rapidement et souffler un peu avant la fin de saison".
Les meilleurs Toulonnais : Christophe Samson (je n’en remets pas encore une couche mais bon…), Steffon Armitage (comme d’habitude, non ?), Sébastien Tillous-Borde et Alexis Palisson.