Connor O’Shea, le "Director of Rugby" des Harlequins, avait regretté après la victoire face aux Saracens le week-end dernier l’indiscipline des siens. Force est de constater que le message n’a pas du bien passer dans ses rangs vu le nombre de pénalités sifflées contre les Londoniens. Il faut dire que les Toulonnais ont mis sous pressions durant tout le match leurs adversaires ce qui permis de scorer grâce à Jonny Wilkinson.
L’avantage lorsque vous êtes, au final, devant votre télé, c’est que vous profitez d’images que vous ne voyez pas en étant au bord du terrain. Et là, la retransmission nous a permis de vivre une séquence digne de Benny Hill : à la sortie du vestiaire pour se rendre dans le couloir d’appel, le Capitaine du soir côté Anglais, le Seconde ligne George Robson, glissait et se payait un gadin devant les remplaçants qui avaient du mal à contenir leurs rires. Au-delà de l’aspect gag de la chose, on pourrait presque voir le signe de la pression pesant sur les épaules des visiteurs qui ne trouveront jamais de solutions face à des Varois bien en place.
Philippe Saint-André calé en Lafontan aux côtés d’Aubin Hueber, le RCT pouvait débuter son quart-de-finale d’Amlin Challenge en donnant le coup d’envoi par Jonny Wilkinson face au Faron.
D’entrée les Rouge et Noir étaient présents et campaient dans les 5" anglais en conservant le ballon et multipliant les temps de jeu. Sur la première mêlée, la première ligne adverse ne respectait pas les commandements et M. Clancy sifflait un bras cassé. Pierrick Gunther chargeait. Dean Schofield était au relais. Sébastien Tillous-Borde portait le ballon et retrouvait Joe Van Niekerk. Les Quins se mettaient à la faute et des 25" légèrement à gauche, Jonny W. ouvrait le bal (3 – 0, 4e).
Sur le renvoi, les Anglais portaient à leur tour le cuir avec plusieurs temps de jeu mais voyaient leurs velléités offensives tuées dans l’œuf en rentrant sur le côté d’un regroupement… Sur la pénalité, Wilko pouvait dégager.
5/5 en 30 minutes pour Wilko
L’indiscipline ne devait pas être inscrite sur le tableau noir des vestiaires des pensionnaires du Stoop de Twickenham puisque à la 8e, Mathieu Bastareaud était empêché de suivre un coup de pied par deux défenseurs qui formaient un écran devant le Centre Toulonnais. Seconde pénalité des 30’’ face qui permettait à Toulon de mener 6 à rien.
En parfait Gentlemen, les Varois se mettaient à leur tour à la faute sur une attaque des "Bariolés" : des 45" droite, Rory Clegg – formé à Newcastle dans l’ombre d’un certain Jonathan Wilkinson – réduisait le score (6 – 3, 11e).
Mais l’air du Continent ne réussissait pas à l’International Jordan Turner-Hall qui venait se jeter dans un ruck. Troisième pénalité de la soirée des 40" gauche : Jonny enfile les points comme d’autre les perles et le score enfle (9 – 3, 13e). Moins de 5 minutes plus tard, c’est au tour de Mark Lambert d’être sanctionné : sur une action un peu confuse, le pilier gauche reprend un ballon en position de hors-jeu. Du bord de touche et des 40", l’Artilleur Toulonnais continue son sans faute (12 – 3, 18e).
Le match allait alors se transformer en un round d’observation que l’on est plus habitué à connaitre en début de rencontre qu’au bout de 20 minutes de jeu. Les partenaires de Nick Easter n’en étaient pas pour autant moins indisciplinés puisqu’ils étaient pris de nouveau en position de hors-jeu à la demi-heure. Des 50" face, Wilko réussissait sa 5e pénalité de la soirée (15 – 3, 30e).
Les Quins accusaient le coup et Toulon allait enfoncer le clou : sur une longue touche trouvée par Alexis Palisson dans les 22", Christophe Samson contrait le lancer (au fait, j’en remets une couche sur son départ ?) ce qui conduisait les Anglais à cafouiller le ballon qui finissait une nouvelle fois en touche. Sur le lancer de Séb’ Bruno, Dean Schofield prenait le cuir. Sébastien Tillous-Borde alertait Mathieu Bastareaud qui venait percuter. Carlito Hayman repartait fixer la défense et le demi-de-mêlée Toulonnais venait pointer au pied des perches (20 – 3, 33e). Face à ces dernières, tranquille comme Baptiste, Wilko transformait (22 – 3).
Le chemin de croix continuait pour les Anglais : sur le renvoi, le ballon ne parcourait pas 10".
Dominés en mêlée, contrés en touche, ils ne parviennent pas à trouver de solution ni la faille que ce soit en essayant du jeu au près ou au large…
Cantonnée dans sa moitié de terrain, la formation londonienne arrive à la pause, largement menée.
Durant cette première période, les Toulonnais ont été patients et ont su profiter de l’indiscipline adverse par la botte de Jonny Wilkinson.
Les Anglais ne parviennent pas à débarquer
Les Harlequins revenaient sur le terrain avec d’autres intentions qu’ils affichaient d’entrée de seconde période. Il faudra notamment toute la "persuasion" de Mathieu Bastareaud pour sauver une action d’essai de Mike Brown à 5’’ de la ligne. Au passage, l’Arrière vendangeait un deux contre un (42e).
Cependant, M. Clancy revenait à une position de hors-jeu Toulonnaise. Rory Clegg tapait en pénaltouche. Mais Christophe Samson (impérial une nouvelle fois dans les airs) chipait le cuir. Toulon se dégageait mais la plupart des Joueurs étaient partis avant le coup de pied. Nouvelle pénalité et nouvelle touche trouvée par Clegg. Cette fois, les Harlequins conservaient le ballon et formaient une mêlée spontanée qui allait s’échouer dans l’en-but. Le Référé Irlandais faisait appel à la vidéo et bien lui en a pris : sur les images, on voit que Sébastien Tillous-Borde sortait les ballons des mains de Mark Lambert (45e).
Chanceux sur cette action, les Toulonnais l’étaient moins de voir sortir Jonny Wilkinson, touché à l’épaule (46e). Du coup, Pierre Mignoni faisait rentrer Gabi Lovobalavu. "Le Poulpe" était positionné au centre et Matt Giteau glissait à l’ouverture.
Suite à une nouvelle mêlée chahutée par le pack Toulonnais, on se chamaillait entre "Gros" et le massif James Johnston envoyait les phalanges envers Séb’ Bruno sous les yeux de M. Clancy. Celui-ci voyait aussi jaune que son maillot et le pilier droit anglais et ses 140 kilos allaient s’asseoir sur le banc durant 10 minutes.
Dans la foulée, l’indiscipline britannique était à nouveau criarde : nouvel hors-jeu sur une attaque et nouvelle pénalité réussie cette fois par Matt Giteau des 22" face aux perches. L’ancien Wallaby portait le score à 25 – 3 (51e).
Peu avant l’heure de jeu, Toulon manquait le K.O. : sur un ballon parvenu à Steffon Armitage en position d’ailier gauche suite à un ballon arraché par Mathieu Bastareaud. Ce n’était que partie remise puisque Benji Lapeyre, servi à la corde par Pierrick Gunther venait marquer à la 59e : Sébastien Tillous-Borde ouvrait vers la gauche sur Matt Giteau. L’Australien renversait l’attaque sur le jeune Flanker qui retrouvait son Arrière à hauteur, lancé. Magnifique action et 30 à 3 au tableau d’affichage et même 32 à 3 avec la transformation.
Le coaching commence alors avec les sorties de Séb’ Bruno remplacé par J.C. Orioli, Carl Hayman par Davit Kubriashvili et Dean Schofield par Joce Suta (61e) ; puis Mathieu Bastareaud par Fabien Cibray (67e) ; Pierrick Gunther par Joe El Abd (69e) et Eifion Lewis-Roberts par Romain Frou et Benji Lapeyre par Luke Rooney (71e).
En face, on ne lâche rien mais on continue à se heurter à une défense impressionnante, bien en place et particulièrement disciplinée.
Armitage, Homme du match
A la 72e, Toulon est à deux doigts de marquer un troisième essai sur une action, une nouvelle fois développée sur l’aile gauche : Fabien Cibray tape un petit coup de pied à suivre pour Alexis Palisson mais Mike Brown veillait. Là encore, ce ne sera que partie remise et de courte durée puisque sur une touche captée par Joe El Abd, un maul se forme et vient dérouler dans l’en-but. Comme un symbole, c’est Steffon Armitage, au four et au moulin durant toute la partie, impressionnant tant en attaque qu’en défense et désigné "Homme du match", qui vient marquer (37 – 3, 74e). Du bord de touche, Matt Giteau voit son ballon passer devant les perches.
Côté Britannique, inspirés par Winston Churchill et son "we will never surrender", on n’abdique pas et on cherche à scorer en envoyant péter le massif Maurie Fa’Asavalu. Alexis Palisson sauvait devant le puissant Ugo Moyne. Mais M. Clancy revenait à une pénalité que jouait rapidement le demi-de-mêlée Danny Care, rentrée en cours de jeu, et qui prenait la défense Toulonnaise en défaut de vigilance, se laissant glisser pour marquer (37 – 8, 77e). Pris d’un doute, M. Clancy faisait valider par l’arbitre vidéo. Totalement excentré, Rory Clegg ne parvenait pas à transformer.
M. Clancy sifflait la fin de la rencontre sur une pénalité récoltée suite à une dernière belle poussée du pack Varois. Joe Van Niekerk fait taper en touche et Mayol peut exulter : le RCT disputera sa demie dans son antre face au Stade Français Paris.
Tout un symbole : le Stade Français l’ancien Club de Bernie et Bastareaud, le Club finaliste de la compétition la saison passée, une finale perdue face aux Harlequins et une finale 2012 qui se disputera au Twickenham Stoop, le jardin des Harlequins…
En confisquant le ballon durant près de 80 minutes à leurs adversaires, en les dominant en mêlées et en touche, bien organisés en défense et ultra disciplinés, les Toulonnais ont livré une copie de très grande qualité. Sans doute l’un des matchs les plus aboutis de la saison. Les Harlequins ont balbutié leur Rugby, sans doute handicapés par les absences de Robshaw et Evans mais, surtout, se sont heurtés à des Varois solides, sérieux et réalistes.
Aux côté de Steffon Armitage, il faut souligner les nouvelles très bonnes prestations de Carl Hayman, de l’attelage Samson-Schofield, de Pierrick Gunther, de Séb’ Tillous-Borde et de Mathieu Bastareaud.
De très bonne augure pour la suite.
A commencer dès samedi prochain à Agen pour le retour aux réalités du Championnat domestique.
Photo : Kamarad
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